quelques pensées désordonnées sur le déclin de twitter
02.11.2022
En ce moment, c'est la débacle de twitter.
Ce qui suit est une réaction à chaud qui me semble nécessaire pour aboutir à une pensée plus articulée. Certainement pas d'une grande qualité mais réfléchir in the open est une condition nécessaire à la discussion.
Certaines personnes vont en profiter pour disparaître, d'autres chercher un substitut sur des systèmes comme mastodon. Il y a un tout un débat justifié sur le manque d'accessibilité de mastodon : le système de fédération n'est pas intuitif et le rapport serviciel sans cadre clientéliste a complètement été dénormalisé.
La plateformisation des interactions sociales allant de facebook à twitter a complètement explosé la valeur de l'artifice technique en opérant une substition maximale des réseaux sociaux et de la conversation publique par leur projection numérique. Ce sont des monopoles dont la normalisation a complètement évacué la complexité technique et simplifié la dimension sociale au sein de leur clotûre. On a oublié qu'avant cela il était possible d'avoir le choix des technologies, des formats et des conventions, que l'on pouvait par exemple avoir un weblog d'un nombre infini de manière (auto-hébergé, sur un serveur avec des potes, sur un petit service, fourni par un média comme Le Monde, etc) tout en restant en réseaux par la force du travail des standards et la magie des formulaires web en guise d'interface de commentaires.
Avec Google Mail, on a complètement oublié l'évidence de chercher une
adresse, c'est à dire un point d'ancrage. Les adresses mail pro,
universitaires, etc pour se démarquer ou profiter d'une certaine forme
de capital. Le nom de domaine était alors un symbole distinctif. Est-ce
que c'est plus compliqué de trouver une instance aujourd'hui que de se
trouver une place sur un serveur mail auparavant ? Verra-t-on
l'avènement d'un pseudo-service public comme l'a été @laposte.net
? Ce
n'est pas évident aujourd'hui mais est-ce que cela a été auparavant ?
Il me semble que ce qui me semble le moins évident tout de suite, c'est la sortie collective d'une forme de féodalisme technologique. Il nous manque les mots, les manières de faire et sans doute les façons de penser et d'interagir car avec la disparition d'un site c'est aussi la dimension sociale qu'il faut reconstruire et ré-imaginer.