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enseignement des statistiques et inférences causales depuis 2005

07.04.2022

En 2005, j’ai eu un diplôme avec une double formation en sciences sociales et en mathématiques appliquées. Cependant, je n’ai aucun souvenir d’avoir aperçu ou entendu parler des méthodes d’inférence causale, même comme champ de recherche. J’ai par contre ensuite étudier les contrefactuels et les mondes possibles mais d’un point de vue uniquement philosophique. C’était très plaisant intellectuellement mais quand même éloigné des applications ou des considérations techniques des cours de probabilité. Je n’avais jamais réussi à faire grand chose de ce corpus jusqu’à récemment.

Il y avait bien Raymond Boudon dont on parlait beaucoup. J’étais dans son université mais à part une forme de présence vaguement tutélaire, je n’ai pas vraiment réussi à trouver de personnes dans la continuité de la sociologie mathématique. Si j’ai bien compris, c’est essentiellement parce que l’approche était à la fois dogmatique et centrée sur de l’algèbre linéaire sans chercher plus loin.

Aujourd’hui, il y a des recherches intéressantes qui se font dans la suite du CAMS chez Camille Roth et le Medialab de Sciences Po mais ce sont des mathématiques avancées. En parcourant la littérature, j’ai l’impression qu’il n’y a pas besoin d'aller très loin pour dépasser la statistique descriptive et les corrélations. Il s’agit avant tout de statistiques, de probabilités basiques et au delà des mathématiques, une compréhension fine des modes de production des données ainsi qu’une approche critique sur la problématisation (savoir poser des bonnes questions i.e. productive et juste).

Le développement d'une connaissance générale en probabilité n’est certainement une tâche facile. Il y a aujourd’hui un discours sur l’identification et la neutralisation des biais dont un certain nombre repose sur de la psychologie des probabilités.

Est-ce que, en France, on a encore un enseignement des statistiques centré sur des inférences se limitant à des corrélations ? Les annales du concours interne d’administrateur de l’INSEE me laissent à penser que c’est toujours le cas. Je n’ai plus qu’une vague idée de ce qui se fait aujourd’hui en sociologie quantitative par exemple. Il y a donc des chances que mon impression soit erronée.

En regardant rapidement la bibliométrie, j’ai l’impression que c’est un champ de recherche en plusieurs phases (-2000, 2000-2010, 2010-aujourd’hui) avec diverses généalogies (statistiques, économie, sociologie, informatique et intelligence artificielle) qui se rejoignent récemment et sont reconnues depuis peu. Ce n’est que l’année dernière que des économistes ont eu un prix nobel pour leurs travaux développant ces méthodologies. Ce prix ne sortant certainement pas de nulle part, il y a probablement des traces économiques et symboliques de l’avancée progressive de ce champ de recherche.

Si une personne passant par ici à des idées sur le sujet, un lien vers un cursus en sociologie qui comporte un module où l’on parle de causalité, j’aimerai bien avoir un regard avancé sur le paysage. Mon email : tk@renard.ninja.